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Par sigot le 29 Avril 2014 à 15:22
Ce 26 avril 2014, comme chaque année le dernier samedi d’avril, avait lieu à Montreuil-Bellay, sur le site de l’ancien camp de la route de Loudun, une cérémonie nationale en hommage aux Tsiganes – on disait alors « les nomades » depuis la sinistre loi du 16 juillet 1912 – victimes de la Seconde Guerre mondiale.
La cérémonie de cette année revêtait un intérêt particulier, les autorités préfectorales devant annoncer officiellement l’érection d’un monument et le sauvetage définitif de la partie la plus importante du camp, classée Monument historique, la commune de Montreuil-Bellay en en étant maintenant propriétaire.
A 10 h 30 commençait la cérémonie proprement dite avec les discours. Je parlai en premier pour rappeler l’historique du site, de la construction, dès janvier 1940, d’une usine de guerre – une poudrerie – jusqu’à la vente aux enchères par les Domaines des bâtiments, en octobre 1946. Puis prirent successivement la parole Tony Maumont Bauer, au nom des anciens internés, son père, Jean-Louis Bauer, ayant connu le camp de Montreuil – après ceux de Mérignac (Gironde) et de Poitiers (Vienne), et avant celui de Jargeau (Loiret) ; Marc Bonnin, le nouveau maire de Montreuil-Bellay, et Jean-Yves Lallart, sous-préfet de Saumur.
Pendant les discours, avec Tony Maumont, le sous-préfet de Saumur et le maire de Montreuil-Bellay.
Une partie de l'assistance.
Les officiels.
Après un vin d’honneur offert par la municipalité dans la salle des Ammonites de Méron, L’AMCT – L’Association des Amis de la Mémoire du Camp de Tsiganes de Montreuil-Bellay – animait l’après-midi dans l’amphithéâtre du Lycée Agricole Edgard Pisani. Avant l’assemblée générale de l’Association, était proposée une restauration à base de fouées préparées par Véronique et Willy Jousselin. L’après-midi se terminait par la projection du très beau documentaire d’Alexandre Fronty sur le camp.
Quelques autres photos.
Trois anciennes internées : Paulette et Henriette Théodore, et Odile Ritter, née Scheid.
Henriette Théodore dans le camp, en 1944, avec son petit frère dans les bras.
Odile est la première enfant née dans le camp, le 11 décembre 1941. Elle est ici avec sa maman, Catherine Scheid, devant leur caravane à Bourgoin-Jallieu (Isère) où je suis allé les retrouver en 1996.
Odile avec Raïssa Duville - dont la famille fut également internée à Montreuil - l'après-midi au Lycée Edgard Pisani.
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Par sigot le 12 Octobre 2014 à 15:49
Lundi 13 octobre 2014 à 14 h 30 Conférence de Jacques Sigot.
Comment, pour un ancien instituteur arrivé à Montreuil seulement en 1971, raconter à des hommes et à des femmes qui les ont vécus, les événements dramatiques de la guerre et de la Résistance dans leur ville ?
Cela fait plus de trois décennies que je travaille sur ce sujet entre tous délicat.
La baignade des Montreuillais dans le Thouet en 1942.
(Cliquer sur les documents pour les agrandir)
Pourrai-je tout dire ce que j’ai trouvé au cours de mes recherches ? Les pensionnaires de la Maison de retraite pourront-ils tout entendre ?
On se souvient de réflexions méchantes, entre autres de l’ancien maire, qui me reprochaient, historien local, de ne pas me rendre le 1er septembre, au monument aux morts pour commémorer la libération de la ville ce même jour en 1944, quand je ne pouvais que répondre que la ville avait été abandonnée par l’occupant le 29 août précédent après qu’avait été détruit le pont Napoléon que personne n’avait défendu, et que le 1er septembre ne me rappelait que la tonte des femmes dans l’ancienne gendarmerie. La troublante boîte de Pandore qu’est l’Histoire, boîte que d’aucun préférerait ne pas essayer d’ouvrir.
Ce qui n’est pas mon cas, si je m’acharne chaque fois à éclairer des zones d’ombre de notre passé, mon premier ouvrage ayant été, en 1982, sur la Guerre de Vendée de passage dans ma ville. C'était une mise à plat de toutes les approximations relevées dans les livres sur cette bataille du 8 juin 1793.
Puis il y eut l’invention, comme l’on dit, du camp de concentration de la route de Loudun, en 1983, sujet gênant s’il en était alors.
La conférence à la Maison de retraite évoquera tout d’abord le Montreuil d’avant la guerre, avec de nombreuses photographies de l’époque : des écoliers , des boutiques, des terrains de foot, des fêtes… Puis l’irruption de la guerre avec le mitraillage par des avions allemands du centre ville.
Impacts des balles toujours visibles sur une façade de la Maison de Retraite.
Il y eut aussi, début 1943, l'arrestation, la déportation et la mort de Mathilde Mariopolski, réfugiée juive du Sentier à Paris que l'exil à Montreuil-Bellay ne sut pas protéger.
Mathilde, ici rue de la salle à Montreuil-Bellay, avec à sa gauche, Monsieur Isbéry
chez qui elle s'était réfugiée à l'hermitage de l'Enfer.
Je m’attacherai ensuite aux deux périodes de la Résistance :
La Résistance en 1943 et en 1944
- Celle de l’été 1943, quand des adultes montreuillais, dont surtout des notables et des commerçants, réceptionnèrent des armes destinées à combattre l’ennemi. Ils ont quasiment tous été déportés, et sont morts dans les camps nazis.
Gaston Amy (1880-1944), ancien maire de Montreuil, déporté, mort à Buchenwald.
- Celle de l’été 1944 qui aurait pu faire de la ville un autre Oradour si un notable Montreuillais, parlant allemand, n’avait pu parlementer avec l’occupant et monnayer son indulgence en échange du départ des maquisards.
Vieille histoire qu’ont donc en partie vécue ceux qui vont m’écouter, racontée par « étranger » !
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