• Montreuil-Bellay, camp de concentration ?

    L'on m'a parfois demandé de ne plus parler de camp de concentration pour Montreuil-Bellay, mais de camp d'internement, comme les autorités préfectorales l'ont écrit sur la stèle érigée sur le site.

    Pourtant,

    - les écrits de l'époque (archives, articles dans la presse, intitulés de commandes...) utilisaient cette dénomination.

     

    Montreuil-Bellay, camp de concentration ?

    Archive privée

    - ces deux définitions ci-dessous confirment cette dénomination.

    Un camp de concentration est un terrain rapidement et sommairement équipé, le plus souvent clos hermétiquement où sont regroupés en masse, dans des conditions précaires et peu respectueuses de leurs droits élémentaires, des individus ou des catégories d'individus, supposés dangereux ou nuisibles. Son objectif premier est de chasser de la société toute personne considérée comme politiquement, racialement ou socialement suspecte, sinon objectivement dangereuse. Le camp sert à enfermer notamment des gens qui n'ont commis aucun crime, sans les juger mais qui sont susceptibles de s'opposer au régime.

    Site Internet http://www.territoires-memoire.be/plan.php

    Les camps de concentration sont des camps de prisonniers pour les personnes issues de groupes minoritaires, pour les dissidents politiques ou autres individus décrits comme « asociaux », détenus pour une durée indéterminées, le plus souvent sans avoir eu droit à un procès équitable. Ils se différencient des prisons, qui se veulent des lieux de détention légitimes pour ceux qui sont coupables de violer les lois ; des camps de prisonniers, où sont détenus les ennemis capturés ; et des camps de détention, d’internement ou de réfugiés, où sont rassemblées des populations civiles après une guerre. Il existe aussi des camps de concentration où les détenus sont retenus contre leur gré et sans contrôle judiciaire, mais sans y être maltraités.

    Steven L. Jacobs, Le livre noir de l’humanité, Editions Privat, 2001.

    Exactement ce que fut le camp de Montreuil-Bellay : terrain sommairement équipé ; clos hermétiquement, conditions précaires et peu respectueuses des droits élémentaires [des internés] ; individus supposés dangereux ou nuisibles ; des gens qui n'ont commis aucun crime, sans les juger ; individus décrits comme asociaux ; pour une durée indéterminée ; sans avoir eu droit à un procès équitable ; retenus contre leur gré (sic) et sans contrôle judiciaire, mais sans être maltraités.

    Témoigner à un procès à Cologne

    En février 1988, une avocate allemande me demanda d'aller témoigner à Cologne pour l'une de ses clientes.

    Luise Reinhart, Tsigane allemande, avait 17 ans quand elle fut internée dans le camp de Montreuil-Bellay où mourut sa petite fille qu'elle venait de mettre au monde. En juillet 1944, profitant du bombardement du camp par les Alliés, elle s'évada en même temps que d'autres détenus et se cacha. La guerre finie, elle retourna en Allemagne. Elle avait tout perdu. Conseillée par une association, elle poursuivit le ministère des Finances fédéral afin d'obtenir réparation du préjudice moral et matériel subi en ayant été internée dans un camp de concentration en France. Je n'avais qu'à dire et prouver qu'à Montreuil-Bellay il y avait des barbelés électrifiés et des miradors. Luise Reinhart gagna le procès et obtint réparation.

    Personne ne m'avait demandé de préciser si le camp de Montreuil-Bellay était allemand ou français...

    Différentes sortes de camps qui ont sévi pendant la Seconde Guerre mondiale :

    - Camps de rééducation : dans lesquels furent internés les "mauvais" Allemands (comme les communistes). Il fallait les rééduquer afin qu'ils fussent de bons nazis. Dachau, en Allemagne, dès 1933.

    - Camps de transit : camps temporaires dans lesquels les internés ne restaient qu'un temps plus ou moins long avant  d'être transférés dans d'autres camps. Drancy et Compiègne, en France.

    - Camps de travail forcé : les usines allemandes piochaient de la main d’œuvre gratuite et corvéable à merci dans ces camps situés le plus souvent à proximité. Auschwitz 3 Monowitz, en Pologne.

    - Camps de représailles : sortes de prisons pour ceux qui avaient commis des actes illégaux… comme d’embrasser une Allemande, ai-je parfois lu (!!!). Il ne fallait pas corrompre la race des seigneurs.

    - Camps de concentration : (voir textes ci-dessus). Montreuil-Bellay, de 1940 à 1944.

    - Camps d’internement : (voir textes ci-dessus). Montreuil-Bellay, en 1945.

    - Camp de prisonniers : (voir textes ci-dessus).

    - Camp de réfugiés : (voir textes ci-dessus).

    - Camp d’extermination : soit les victimes étaient gazées dès leur arrivée, aussitôt après le tri, soit elles étaient lentement exterminées par le travail (au bout de six à 12 mois, le plus souvent). Auschwitz-Birkenau et le château d'Artheim, en Autriche, deux exemples sinistrement célèbres.